Enquête

Bourse : faut-il investir dans les ETF en 2025 ?

Frais réduits, possibilité de diversification… Les fonds indiciels ou ETF) ont la cote, mais demeurent risqués. Avantages et inconvénients.
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Le nom est un peu abscons mais les fonds d’investissement Exchange Traded Funds (ETF), appelés aussi fonds indiciels ou trackers, sont à la mode. « Les flux annuels vers les ETF européens ont déjà atteint 161 milliards d’euros en neuf mois, dépassant le précédent record de 2021, indique Jose Garcia-Zarate, directeur associé du gestionnaire d’actifs Morningstar. Et les encours ont dépassé, pour la première fois, la barre des 2 000 milliards d’euros. »

Le succès se retrouve auprès des jeunes investisseurs, mais aussi des gestionnaires professionnels qui en garnissent les contrats d’assurance-vie et les plans d’épargne retraite (PER). Les fonds indiciels se logent dans un compte-titres ou une enveloppe type PER, plan d’épargne salariale, assurance-vie ou plan d’épargne en action (PEA). Ils font partie de la famille des organismes de placements collectifs en valeurs mobilières (OPCVM) au même titre que les fonds communs de placement (FCP) traditionnels. Mais ETF et FCP fonctionnent différemment.

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Le principe : suivre et répliquer un indice

Les ETF sont totalement liquides (capacité à être vite vendu). Les FCP le sont moins : si les investisseurs peuvent demander la vente de leurs parts à tout moment, leur prix n’est déterminé qu’une fois par jour. Ensuite, les gestionnaires doivent vendre les actifs nécessaires pour satisfaire les demandes de rachat, ce qui peut prendre quelques jours, surtout quand les marchés financiers sont agités.

Le principe d’un fond indiciel est de suivre et répliquer un indice. Par exemple, il peut être la copie du CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris. Pour ce faire, le fonds achète des actions de ces 40 sociétés, en proportion de leur capitalisation boursière.

Lorsque le poids de celle-ci évolue ou qu’une entreprise entre dans ce palmarès tandis qu’une autre en sort, le fonds corrige, vendant et achetant (« arbitrant ») des actions pour toujours coller au CAC 40. Par conséquent, les fonds indiciels ne nécessitent pas d’équipe de gérants qui réfléchissent aux meilleures stratégies à adopter pour surperformer le marché ; les opérations nécessaires pour dupliquer l’indice choisi sont automatiques.

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Des combinaisons possibles immenses

Les ETF les plus connus sont ceux basés sur les indices phares des marchés boursiers. Mais il en existe bien d’autres. Ainsi, « à côté du CAC 40, on trouve des indices nationaux comme le DAX (40 sociétés allemandes), des indices américains comme le Nasdaq-100 et le S&P 500, indique Julien Valarcher, directeur des ventes ETF en France chez Invesco. S’ajoutent des indices transnationaux comme l’Euro Stoxx 50 (50 plus grosses entreprises européennes) ou encore le MSCI World basé sur les 1 500 plus grandes entreprises des pays occidentaux. » Cet indice boursier mondial de référence est diversifié géographiquement (23 pays différents), mais aussi sectoriellement (11 secteurs d’activités différents).

À l’inverse, certains indices sont plus restreints, s’attachant à suivre un seul secteur d’activité, sur une zone géographique plus ou moins large. Les combinaisons possibles sont immenses ; chaque gérant d’ETF pouvant créer son propre indice, basé sur un groupe d’actions prometteuses. Il peut, par exemple, décider de répliquer le cours des cinquante plus grosses sociétés asiatiques dédiées à la fabrique de médicaments.

Des produits dits à gestion passive

Dans tous les cas, l’objectif du fonds est le même : répliquer à la lettre la performance de son indice de référence. Il ne cherche pas à faire mieux mais juste à faire exactement pareil. La gestion étant automatisée, ces produits sont dits à « gestion passive », en opposition aux fonds à « gestion active » que sont les FCP, qui nécessitent une équipe de gérants ayant l’objectif de faire mieux que leur référence (« benchmark »).

Gare aux fonds « hybrides »

Le phénomène pourrait s’amplifier. Le marché propose depuis peu des ETF gérés par des professionnels, délaissant le « tout automatisé » et ses frais moindres. But officiel de ces produits mixtes : viser une surperformance des indices, tout en répondant aux souhaits de nombreux investisseurs de privilégier des produits totalement liquides. Officieusement, les acteurs des fonds classiques s’inquiètent de la concurrence accrue des ETF, notamment auprès des jeunes investisseurs et n’hésitent pas à répliquer en ETF leurs produits sous gestion.

Les frais sont amoindris par rapport aux FCP, mais restent plus importants que les frais traditionnels des fonds indiciels. L’intérêt de ces produits hybrides n’est pas démontré pour l’instant pour les épargnants qui souhaitent investir en Bourse sur le long terme.

Seulement 0,3 % de frais

Quelle gestion est-elle susceptible d’apporter les meilleures performances ? « A priori, la gestion active, répondent instinctivement les investisseurs, puisque battre le marché est justement le but des gérants. » Pas si simple. Certes, les gérants de FCP peuvent intervenir tous les jours, achetant et vendant au rythme de leurs convictions pour faire mieux que les indices. Et cela fonctionne. « Il n’est pas rare que pendant quelques années, un gérant talentueux fasse mieux que le marché, note Xavier Prin, directeur marketing de Boursorama. Mais l’inverse est aussi possible, ce qui réduit l’impact des années à succès. Se pose ensuite la question des frais de gestion. »

De fait, les chiffres sont sans appel : dans un FCP, l’investisseur paie, en moyenne, 1,5 % de frais de gestion. Ceux-ci servent à rémunérer l’équipe de gérants. Dans les fonds indiciels dédiés aux actions, les frais atteignent 0,3 % en moyenne, soit cinq fois moins que les FCP. C’est ce qui explique que la performance finale penche en faveur des ETF. En règle générale, le travail acharné des gérants des FCP se voit réduit à néant lorsque les frais sont intégrés au résultat...

Voilà pourquoi les ETF ont tant de succès. Ce constat incite d’ailleurs les fonds à gestion active à réduire leurs frais. « Afin de profiter des faibles coûts des ETF et pour diversifier l’allocation d’actifs, les assureurs en intègrent dans les enveloppes d’assurance-vie et de PER, fait remarquer Emmanuel Monet, responsable France des ventes ETF chez Amundi. Ainsi, le coût global des frais diminue, limitant l’impact sur la performance. »

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Ils séduisent, mais demeurent risqués

Malgré leur simplicité séduisante et leurs atouts indéniables (transparence, diversification à moindre coût) pour qui souhaite placer son argent en Bourse, ces produits restent risqués. Les marchés financiers sont volatils, c’est-à-dire que les cours (la valeur) des titres cotés peuvent évoluer aussi bien à la hausse qu’à la baisse, avec un risque de perte du capital investi.

Pour minimiser les risques, 60 Millions de consommateurs conseille de ne pas y investir une épargne dont on aurait besoin à court terme avec une sortie programmée à une date précise. Le risque de devoir vendre les titres à une période où ils sont à un prix inférieur au prix d’achat serait alors trop grand.

60 Millions de consommateurs conseille également de diversifier en investissant dans un fonds indiciel très varié ou dans plusieurs fonds indiciels, aux côtés d’autres placements plus sécurisés.